Né aux confins du XVIIè siècle, le haïku cherche à capter l’instant, selon l’heureuse expression d’Yves Bonnefoy : "épiphanie du rien", et Antoine Arsan en donne de nombreux exemples au long d’une histoire où le mot marche de concert avec le trait, la figure, la peinture. On n’ose dire "l’image". La réussite de cet essai tient au fait que l’auteur évite habilement le piège d’une pseudo initiation à la sagesse alors qu’il s’agit d’abord de poésie pure. S’il est vrai que le bouddhisme zen est un élément porteur du haïku, ce serait une erreur de le coiffer au nom d’une spiritualité finalement déformante. Rien de trop est bien le titre qui convient à ce livre, comme un petit neveu du célèbre Empire des signes de Roland Barthes. Sans effet, sans lourdeur bien intentionnée, le livre atteint son objectif : mieux faire connaître une approche merveilleusement subtile de la réalité. (L'éditeur)