Un monde sépare les deux chefs-d’œuvre de Pergolèse, l’un sacré, l’autre profane. Les voici réunis sur le même CD : portrait idéal d’un compositeur versatile. Deux œuvres ont fait la gloire de Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736), son Stabat mater et sa Serva padrona. Gloire en grande partie posthume : « dès l’instant où sa mort fut connue, toute l’Italie manifesta le vif désir d’entendre et de posséder ses œuvres », écrit Charles Burney. La fin précoce du compositeur avait tout pour exciter les esprits. Malade de la tuberculose, Pergolesi s’était retiré au couvent franciscain de Pouzzoles ; c’est là, deux mois à peine avant sa mort, qu’il achève le Stabat mater à deux voix commandé par l’archiconfrérie des Chevaliers de la Vierge des Douleurs. Le président de Brosse y verra bientôt « le chef-d’œuvre de la musique latine », et la partition circule dans toute l’Europe au point d’être la plus souvent éditée au XVIIIe siècle ! Bach en proposera sa version à Leipzig, on donnera l’œuvre à Paris au Concert Spirituel… (Loïc Chahine/Diapasonmag.fr)