Tigre en papier
Olivier Rolin est né en 1947. Après une période d'engagement politique de 1967 à 1974, il se consacre à l'écriture, avec un premier roman publié en 1983, Phénomène futur. Une dizaine d'autres livres constituent son œuvre à ce jour, dont le très remarqué L'Invention du monde (1993), mais aussi Port-Soudan (1994, prix Femina), ou encore Tigre en papier (2002, prix France Culture). Il est aussi l'auteur de récits de voyage, et a fait de nombreux reportages, notamment en Amérique du Sud, pour plusieurs grands titres de la presse nationale. Ses livres sont traduits dans une quinzaine de langues.
C'est l'histoire d'un type qui raconte à la fille de son meilleur ami, mort depuis longtemps, ce que fut leur jeunesse à l'époque presque fabuleuse - la fin des années 60 - où l'on croyait dur comme fer à la Révolution.
Internet n'existait pas, ni le TGV ni les portables ni le câble ni les walkman ni les répondeurs. Les pavillons de Baltard ouvraient encore leurs parapluies au-dessus du ventre de Paris, la télé était en noir et blanc, le président Pompe allait succéder à de Gaulle. Au Vietnam la "guerre du peuple" défaisait la puissance américaine, les impérialistes étaient des tigres en papier, la Chine était rouge pour l'éternité, le Che plus grand mort que vivant. L'Internationale serait le genre humain. C'était dans la nuit des temps...
Voici donc la vie très horrificque de Martin et de son ami Treize, et du reste de la bande, Fichaoui-dit-Julot, Reureu l'Hirsute, Momo-Mange-serrures, Judith et Chloé, Roger le Belge, tous les autres, les saints et les balances, les castagneurs et les pleutres, les rebelles et les fayots, avec leurs faits et prouesses épouvantables... Il y a dans cette histoire du grotesque mais aussi de la poésie brute, la bêtise y côtoie beaucoup de romantisme, on peut appeler ça comme ça.
La scène, le récit, se passe la nuit, dans une voiture qui tourne inlassablement sur les périphs, comme une navette spatiale satellisée autour de Paris. Moteur !
O.R.