Il suffit d'un microscope pour découvrir tout un monde dans une goutte d'eau. D'une oreille collée à une porte pour surprendre une réalité bien cachée. avec la littérature, il en va autrement : elle nous apprend ce que nous savions déjà et nous fait applaudir à la justesse d'une attention qui aurait pu être la nôtre. C'est que l'écrivain perçoit dans la grande houle du monde des milliers de petites vagues qui la composent. D'où cette impression de mieux nous connaîtreen refarmant les ouvrages de La Bruyère, de Balzac ou de Proust. En auscultant une quarantaine de petites phrases du type "Je vais passer pour un vieux con", "Tout d'abord bonjour", "J'ai fait cinq ans de piano", "On n'est pas obligé de tout boire !", en portant à notre oreille ces petits coquillages ramassés à marée basse après le retrait de la langue, Philippe Delerm, avec la complicité de Pierre Arditi, nous fait entendre les mille petites vagues humaines, trip humaines du lieu commun. (Lire)