Au sommet de leur art en 1981, les Clash terminaient toujours leurs concerts par "I fought the law", hymne étendard pour dire merde à Thatcher et ses lois scélérates. Invité cette même année à proposer un programme pour intégrer la légendaire Radio Bellevue lyonnaise, j'ouvrais ma sélection par la version de 1965 de "I fought the law", œuvre du Bobby Fuller Four. groupe alors quasi inconnu en France Serge Boissat n'alla pas plus loin, je fus engagé sur le champ. Mais rendons à César... Le hit de Bobby Fuller était lui-même une reprise. L'original avait été écrit en 1962 par Sonny Curtis, le remplaçant de Buddy Holly dans les Crickets à sa mort en 59. La chanson donne aujourd'hui son nom à cette compilation dédiée aux groupes de l'Ouest du Texas à émerger à la fin des années cinquante. Un autre ex-Crickets y est à l'honneur, Waylon Jennings, dont la première vie ici évoquée est totalement rock & roll ("When sin stops", "Jole Blon") mais annonce aussi, dès 1961 le futur countryman ("Another blue day", "Never again"). Plus naturellement on y croise Roy Orbison ("Dream baby", "The crowd"), les impeccables Velvets ("That lucky old sun", "Tonight") et Billy Walker, accompagné des premières pedal steel guitar ("Funny how time sleeps away", "Joey's back in town") ainsi que... Bobby Fuller ("Guess we'll fall in love", "You're in love") avant qu'il ne migre sur la Cote Ouest pour y propulser en haut des charts la fameuse chanson. Saluons ici le travail méticuleux du nouveau label Eleven City Light de la galaxie Cherry Red. Un disque qu'on n'écoutera évidemment pas tous les jours, mais une précieuse documentation. (François Branchon/sefronia.com)