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Kubic's cure

Année de parution :
2014
1 d.c.
Les forces cubiques poussent Pierrick Pédron à relever de vrais défis : le saxophoniste s'est engagé il y a peu dans une escalade à haut risque, celle de la montagne Monk, une performance accomplie en trio dans l'urgence de quelques heures folles. Ce premier sommet à peine conquis, le voici sous l'emprise de vertiges nés de ses amours trentenaires pour une musique d'outre-Manche, dont peu d'entre nous auraient osé imaginer la révélation. S'il est tentant de balayer les années 80 d'un revers de la main, on oublie souvent leur folie ténébreuse et les noirceurs du romantisme torturé de certains musiciens, à l'imagede Robert Smith et The Cure, icônes planétaires d'une célébration désenchantée, aux couleurs d'un psychédélisme volontiers gothique. Kubic's Cure, comme la fulgurance d'un coup de poing et l'évidence d'un nouveau coup de maître ! Ou comment dynamiter une musique puissante, sombre et obsédante sans la trahir, en creusant avec ferveur le sillon de ses mélodies minimalistes. En scénariste inspiré, le saxophoniste déjoue les pièges tendus et multiplie les embuscades rythmiques ; il invente un idiome fougueux, ni rock ni jazz, libère une énergie étourdissante mise au service d'un chant dont la concision est poussée à l'extrême. La paire Bramerie-Agulhon n'a jamais été à ce point gémellaire, elle est ici trempée dans l'acier ; Vincent Artaud multiplie les attentions sonores, sculpte chaque détail pour mieux l'ensorceler et créer l'hypnose. Ainsi propulsé par ses précieux complices, avec le coup de main de trois autres maîtres enchanteurs, Pierrick Pédron souffle la vie en moins de 45 minutes, tendues comme un arc de feu et magnifiquement captées. En neuf temps, il nous fait accéder à sa troisième dimension, qu'il n'a peut-être pas fini d'explorer. Sa cure est salutaire ! (Denis Desassis)