Singulière musique que celle de ce singulier compositeur que fut Havergal Brian. Totalement négligé de son vivant, il ne connut une certaine gloire anthume qu'à partir de l'âge de 90 ans environ, après une vie laborieuse et obscure de musicien outsider. Brian est né en même temps que Ravel et mort en même temps que Britten et Chostakovitch, a vécu donc 96 ans, pendant lesquels il a composé 32 symphonies. On s'amusera de constater que sur ces 32 symphonies, 27 furent composées entre l'âge de 72 et 92 ans. Les symphonies ici présentées datent des huit dernières années de la vie du compositeur, qui accusait donc aux alentours de 90 ans. Loin des excès de ses œuvres antérieures, il trouve ici un langage ramassé, intense, détaché de toute emphase postromantique, parfaitement inclassable, ni anglais, ni continental, ni rien d'attribuable à une véritable filiation. A titre de comparaison, l'auditeur peut ici découvrir la première Suite anglaise écrite en 1906, dont le modèle – au moins pour le début – pourrait être, pourquoi pas, la Suite de Casse-noisette de Tchaïkovski. Entre cette Suite et les symphonies composées six décennies plus tard, quel invraisemblable chemin... (abeillemusique.com)