Á soixante-treize ans, le saxophoniste et flûtiste américain Charles Lloyd et ses amis nous offrent le parfait mode d’emploi pour vivre - et grandir - ensemble. L’été dernier, l’Odéon d’Hérode Atticus d’Athènes accueillait, en plein air comme il se doit, et devant une foule plus que conséquente, l’un des meilleurs quartettes dont ait pu disposer Lloyd : le pianiste Jason Moran, désormais parvenu à maturité, en particulier avec son propre album Ten (Blue Note), Reuben Rogers à la contrebasse, qu’on a pu apprécier au côté de Wynton Marsalis, et Eric Harland à la batterie, multiple lauréat de prix internationaux, constituent désormais la jeune garde du vieux maître. L’amie de longue date de Lloyd, la chanteuse Maria Farantouri, figure emblématique de la lutte contre la junte militaire hellène, le joueur de lyre Socrate Sinopoulos, et un second pianiste (le compositeur Takis Farazis) occupent également la scène pour cette rencontre au sommet. Car il s’agit bien de rencontre, au cours de ce double album où seront successivement interprétés des partitions de Mikis Theodorakis, des airs du folklore traditionnel grec, ainsi que quelques standards du souffleur en chef. Athens Concert constitue donc un témoignage exceptionnel d’un instant, unique et magique, où se marient les mondes, les univers musicaux, en une seule passion. Le bel organe profond de la chanteuse s’y enroule autour du saxophone en une danse de séduction et de combat, masculin et féminin enfin unis. (Christian Larrède / music-story.com)