Entre deux époques, entre ville et campagne, entre guerre et paix : telles étaient les Vosges d'antan. Le bonheur avait l'odeur d'une salle de classe abandonnée dès mai pour la fenaison ; il avait l'âme des légendes racontées le soir près de la cheminée ; il avait le visage buriné des travailleurs des champs et des forêts ; il avait aussi le sourire des mères et des jeunes filles qui savaient, pour la donner, que cette vie-là était précieuse et qu'elles devaient l'envelopper de tendresse. Dans ce livre au parfum d'enfance, Georges Garillon ne cède pas à une nostalgie facile. Ses souvenirs de jeune Vosgien nous rappellent simplement le sens d'une vie rythmée jadis par la nature, avant que l'avènement de la modernité ne change la notion du temps et des valeurs humaines. Même aux confins du terroir lorrain, le bonheur prenait alors le goût de la ville. Pourtant, c'est toujours là que notre mémoire puise sa sève : dans le village des ancêtres.