Il existe un monde sans repères où les femmes sont des proies, des corps. Un monde où la violence est sans début ni fin, absurde et quotidienne. Camilla Panhard a partagé la vie de ces femmes, migrantes centraméricaines. Elles fuient le Honduras, le Salvador ou le Guatemala. Elles veulent simplement "donner à leurs enfants des études en héritage, qu’ils aient au moins trois repas par jour, qu’ils ne souffrent pas autant..." Accrochée aux pas de ces héroïnes anonymes, jusqu’aux écolièresres mexicaines tremblantes de peur sur le trajet de l’école, Camilla Panhard reconstitue les destins vertigineux de ces femmes, marchandises pour les passeurs, les gangs et les cartels. En 25 ans, le nombre de migrants a doublé dans le monde. La zone la plus sensible du globe est la frontière entre les USA et le Mexique : trafic d’êtres humains, drogue, violence et prostitution. Malgré des milliards de dollars dépensés chaque année, le Rio Grande est une des lignes les plus poreuses et les plus dangereuses du monde pour les migrants. 12 millions de clandestins vivent aux USA, 400 000 sont renvoyés chaque année chez eux. Les femmes paient le plus lourd tribut à ce drame contemporain : agressées, rackettées, violées, enrôlés dans des bordels. Leur parcours est un chemin de croix. On appelle d’ailleurs la zone tampon le No woman’s land : chaque femme qui pose le pied dans cette région risque sa vie. Avec une e?criture se?che et sans concession, ce re?cit puissant leur redonne une voix, des gestes, un visage. Dix ans d’immersion parmi les migrantes d’Amérique centrale. La révélation française du journalisme littéraire. (Arte)