Disponible
Koridwen
Grevet, Yves (1961-....) Auteur du texte
Collection :
U4
Année de parution :
2015
1 vol. (413 p.) : 23 cm
Quatre romans - chacun écrit par un auteur différent - publiés simultanément le 27 août, à lire dans l'ordre de son choix. Seuls les adolescents de quinze à dix-huit ans ont survécu à une épidémie foudroyante qui a tué la majorité de la population mondiale. Koridwen vient d'une famille paysanne de Bretagne, Yannis est un Maghrébin de Marseille, Stéphane (une fille) vient d'un milieu aisé de Lyon, et Jules habite avenue de l'Observatoire à Paris. La première est déterminée ; le deuxième est un doux bien décidé à rester digne ; Stéphane, pragmatique, s'est construit une carapace de dureté, et Jules, une force de la nature, est le plus émotif de tous (il a horreur des bestioles, dans un monde où pullulent rats et autres nuisibles...) mais deviendra responsable d'une petite fille, seule survivante de son âge. Ils tentent de survivre dans ce monde post-apocalyptique livré au pillage, où tous leurs repères ont disparu (il n'y a plus d'adultes, plus d'eau courante, ni d'électricité, d'Internet...), rapprochés par l'espoir que ce cauchemar cesse, pensant pouvoir remonter le temps, ou retrouver des proches. Chaque roman a pour narrateur un des quatre personnages, qui va au fil des pages rencontrer les trois autres. Chaque auteur a donné une épaisseur singulière à son personnage, le côté SF haletant de ce « survival » très réaliste (jusqu'aux détails de topographie) étant pour deux des volumes légèrement mâtiné de fantastique - Koridwen s'appuie sur les croyances Celtes, et Yannis voit les fantômes de ses proches. Ces ouvrages posent de vraies questions sur l'organisation de la société, sur le pacte de confiance nécessaire. Plongé dans cette situation extrême, chacun révèle sa vraie nature. Dans l'urgence de vivre, certains choisissent de protéger un plus faible (un cousin handicapé mental, une petite fille...), d'autres laissent libre court à leurs pires instincts, d'autres encore tâchent de reconstruire une société où chacun peut avoir sa place. Il y a certes une violence exponentielle, certains adolescents profitant de l'absence de toute autorité pour s'organiser en gangs impitoyables : meurtres - en légitime défense ou gratuits -, tentatives de viol, napalm utilisé par l'armée, et l'on peut se demander si une telle surenchère dans la description des cadavres en état de décomposition plus ou moins avancé (cf. tome Jules) était nécessaire. L'ensemble est pourtant très réussi. Les personnages sont nuancés, les passages qu'on pouvait craindre répétitifs d'un volume à l'autre ne le sont absolument pas, notamment parce que les motivations profondes et le caractère du narrateur se précisent, et les auteurs réussissent à chaque fois à nous en apprendre plus sur la situation. Un univers post-apocalyptique très circonstancié dans le temps, du 1er novembre à la nuit du 24 décembre. Les fins par trop discordantes sont certes un peu désarçonnantes, mais on peut penser à une explication à base d'univers parallèles. Ce qui est remarquable dans cette aventure littéraire à quatre voix, c'est que tous les tomes se déroulent sur la même trame temporelle et événementielle, et qu'en lire un donne une irrépressible envie de se plonger dans les autres. Un page turner efficace et singulier, avec une atmosphère très lourde et des personnages attachants, mais surtout un vrai beau travail d'écriture issu d'un projet original et ambitieux. (site La Joie par les livres)