Rospo et ses amis, dans La Nébuleuse, (on parle aujourd'hui de "nébuleuses terroristes") forment une bande de losers : ces pilleurs, ces violeurs, ces voleurs, ces profanateurs, à l'instant où la nausée est à son comble, que le lecteur commence à les haïr, voilà que Pasolini, par leurs rires, par leur naïveté, par leur douleur aussi, par leur abandon surtout, parvient in extremis à nous rappeler ce qu'ils sont : des enfants. Et il nous dit ceci, que l'enfance est une longue nuit, que l'enfance, que l'adolescence ne sont pas la vie, mais son hideux brouillon, son nauséeux laboratoire, et que seuls ceux qui n'en ont eues aucune sont en mesure de pouvoir les regretter. Ce scénario inédit de Pasolini sur la dérive d'une bande de voyous, au début des années 1960, a été finalement réalisé par "un tâcheron, sous le titre "Milano nera", comme le rappelle Yann Moix dans la préface. Cette Nébuleuse est en tout cas un bel inédit, très littéraire, très écrit, qui se lit plus comme un roman que comme un vrai scénario, en dépit des indications filmiques très précises. Une espèce de drame à l'antique. (Livres hebdo)