Pour l'auteur, la guerre menée contre le chômage se transforme aujourd'hui en une guerre contre le chômeur. Ce dernier condense, en effet, tout un ensemble d'indignités sociales et politiques qui en font une figure peu fréquentable et peu respectable. Le chômage "volontaire", la "violence" des chômeurs, leur tentation électorale vers le FN sont quelques-uns de ces stigmates sociaux et politiques qu'entretient le néolibéralisme. Pourtant tous ces lieux communs sont empiriquement réfutables à la seule lumière des travaux menés en sciences sociales. Pourtant, le chômage était considéré à l'origine comme un risque de l'existence (au même titre que la vieillesse ou la maladie) qui appelait des réponses autant collectives que politiques. Elles visaient à accorder une véritable protection aux chômeurs et cherchaient autant à les prémunir contre la précarité matérielle qu'à leur assurer une dignité sociale. L'auteur, Emmanuel Pierru, est sociologue, chargé de recherche au CNRS et membre de l'association Raisons d'Agir. (L'éditeur)