Compositeur honni du régime soviétique Alexander Lokshin eût bien du mérite pour imposer sa musique, et pourtant que de splendeurs orchestrales dans ces Fleurs du mal auxquelles le parti reprochait « d’avoir recours à un sujet aussi décadent que la poésie de Baudelaire». Toute la profondeur des ces trois poèmes ressort dans un bain sonore luxuriant. La Fantaisie Hongroise pour violon et orchestre est splendide de concision. On y sent passer un vent de liberté qui commençait à souffler sur l’URSS. L’Art de la Poésie et la Sinfonietta Nʿ2 pour soprano sont bien dans l’air du temps et ce même vent de perestroïka semble souffler sur la partition de la Sinfonietta. Superbe point final que la suite pour orchestre Dans la Jungle que Lokshin tira de sa musique de film Le Livre de la jungle. Splendeur sonore, climat exquis, véritable kaléidoscope musical où chaque ambiance est décrite avec grand soin et qui trouve son apothéose dans l’immense crescendo aux percussions (La Chasse, La Rafle) conduisant à un final éblouissant. Un immense musicien à découvrir. (D.O / Péché de classique nʿ 94 avril 2010)