Onze histoires de solitude
Richard Yates naît en 1926 dans l'État de New York. Après une enfance instable dominée par le divorce de ses parents, il rejoint l'armée et est envoyé en France, puis en Allemagne juste après la Seconde Guerre mondiale. De retour à New York au début des années 1950, il devient journaliste puis nègre - il écrit pendant un temps les discours du sénateur Robert Kennedy - et travaille ensuite dans la publicité. En 1961, paraît avec succès aux États-Unis La Fenêtre panoramique (aujourd'hui adapté au cinéma sous le titre Les noces rebelles et réédité dans la collection " Pavillons poche "). Après la publication de ce premier roman, finaliste du National Book Award, Richard Yates enseigne entre autres à l'université de New York et de Boston et continue d'écrire jusqu'à sa mort en 1992.
Dans ce recueil de nouvelles écrites entre 1951 et 1961, Richard Yates, auteur de La Fenêtre panoramique, nous offre onze variations finement aiguisées sur le thème de ce mal intemporel et prosaïquement universel : la solitude. Solitude de l'enfant à l'école ("Docteur Jeu de quilles"), de l'homme à l'armée ("Quand Jimmy reverra sa brune"), solitude du couple ("Tout le bonheur du monde") et aussi celle des vieillards malades ("Fini l'an 'ieux, 'ive l'an neuf"). À travers ces incarnations, se dessine également le portrait d'une époque particulière de l'Histoire des États-Unis : celle où le rêve américain, qui semble à la portée du plus grand nombre, s'évanouit déjà pour certains.
"Ceux qui réussissent ne m'intéressent pas", disait Yates. Même si l'auteur, d'une certaine façon, s'est efforcé de ressembler à ses modèles, il n'en a pas moins été salué par ses pairs comme un maître de la peinture de la société américaine de la seconde moitié du vingtième siècle.