"Certains disciples de la nouvelle école courent sans se reposer, enivrent les oreilles au lieu de les apaiser, miment par des gestes ce qu'ils font entendre." C'est ainsi que le pape Jean XXII raillait en 1324 ces "prétendus" progrès qui ouvriraient pourtant la voie à une prodigieuse évolution en matière de notation rythmique et d'exécution polyphonique dans les compositions musicales (Ars Nova). Un siècle plus tard, ce système basé sur de savantes contraintes mathématiques parvenait au paroxysme du raffinement dans l'oeuvre de Guillaume Dufay, grand maître de la pluri-textualité et de l'isorythmie, un art dont les motets représentent à mains égards la quintessence. Écrits sur une période de vingt ans, ils concilient admirablement cette organisation rythmique extrêmement savante avec un sens mélodique inouï, inaugurant à leur manière l'esprit nouveau de la Renaissance. (harmoniamundi.com)