Une enquête, par le rédacteur en chef de "Marianne", qui débute par un paradoxe : en ce début de XXIè siècle, note-t-il, le spectre de la souffrance psychique et sociale se superpose à une quête de fête, de réussite et de jouissance, de divertissement. "Derrière l'impératif de la performance, l'injonction au bonheur pour tous, au travail salvateur mais peu intégrateur se profile une organisation confuse de la misère morale, qui prend des formes très variées qui peut aller de la simple plainte à la franche pénibilité du travail, au harcèlement, à la morbidité en prison, voire au passage à l'acte violent." Héritier critique de Foucault, P. Petit ne remet pas en cause l'institution médicale en tant que telle mais décrit et dénonce la dérive néoscientiste des traitements psychiatriques. Rejetant dos à dos "la gauche victimaire et la droite décomplexée", il évoque cette "fatigue inavouée qu'aucune mystique du changement pour le changement ne parviendra à chasser" et prédit un fiasco du "management moderniste". Une plongée dans les arcanes de la médecine psychiatrique. (Le Magazine littéraire)