Aller au contenu principal
Aucun vote pour le moment
couverture du document
Veuillez vous connecter pour réserver
Disponible

Innuendo

Queen Groupe vocal et instrumental
Année de parution :
2011
2 d.c. (SuperJewel box)
Eloigné des scènes depuis 87 et souffrant d’un manque latent d’inspiration en studio, Queen apparaissait comme sapé par le fiel, ayant dégradé sa communication et érodé les bases de son alchimie collective. En réalité, le problème ne résidait pas dans le risque d’une fragmentation imminente ; mais plutôt dans la vaste entreprise de grimage engagée par Mercury pour masquer les stigmates de sa maladie. Affaibli, le chanteur travestissait son abattement par un maquillage toujours plus dense, fardant pudiquement sa moindre apparition télévisée. Dans ce climat de camouflage constant allait naître Innuendo, transcription nébuleuse du malaise, témoignage acerbe et théâtral sous tendu par un Freddie Mercury à bout de force. Visiblement, la proximité de la mort n’aura jamais remis en doute l’identité d’un groupe hybride qui construisait ses albums comme des mouvements d’opéra. Du très théâtral « Innuendo », en passant par le clavier dégourdi de « Delilah » jusqu’au décollage de « The Show Must Go On »... la matrice de l'oeuvre offre une ossature baroque et fantasque. Mais au-delà des notes, la grandeur de l’album semble avoir été édictée par la noirceur des circonstances. A peine son mixage terminé, les douze morceaux bâtissent un monument d’histoire, l'empreinte finale laissée par un groupe qui se savait déjà mort. Cynique, Innuendo matérialise le rire de Mercury face à sa propre finitude, l’aigreur d’une icône effritée, harassée et fragile comme du cristal. Arqué sur une mégalomanie assumée, cet hommage grinçant ne verse pourtant jamais dans l’univocité, évitant l’écueil de la fatalité ou de la grotesquerie. Le 4 Février 1991 par leur dernière association virtuose, Deacon, Taylor, May et leur chanteur édifiaient ainsi leur propre mausolée, coupant court au déclin des évènements et conférant à leur musique la noblesse d'une oraison funèbre. Il faudrait quelques mois de plus pour que le destin de Mercury soit rendu officiel, conférant à cet album l’apparat d’un chant du cygne expiateur. (destination-rock.com)