La légende veut que le Diable aime à fréquenter les carrefours, pour trouver des points d'accroches afin de pénétrer les âmes en racontant ses contes rusés. Pourtant, tous les pactes conclus à ces embranchements ne sont pas diaboliques, certains sont juste diablement magnifiques. Prenons la rencontre qui a lieu avec "Devil's tale" où le champ de force de l'est des cuivres balkaniques rencontre la guitare jazz manouche, là où Fanfare Ciocarlia de Roumanie croise ses cuivres avec le guitariste canadien Adrian Raso. La fantare Ciocarlia est une bête cuivrée à 24 pattes dont le funk groove de l'Est a déchiré les salles et les festivals partout sur la planète. Raso, quant à lui, est un maestro de la guitare, profondément influencée par le jazz manouche français hérité de Django Reinhardt. Est-ce qu'un musicien à cordes peut trouver un terrain d'entente avec la férocité des cuivres d'une fanfare des Balkans ? Est-ce que la légende des fanfares peut accorder ses cuivres en harmonie avec la fluide éloquence d'un guitariste de jazz ? La réponse, entendue sur cet album, est un défi brillant. Réjouissez-vous de cette bouffée d'énergie : les Roumains et le Canadien ont réussi à créer un son qui déchire, qui swingue et qui rugit.