Jocelyne, dite Jo, rêvait d’être styliste à Paris. Elle est mercière à Arras. Elle aime les jolies silhouettes mais n’a pas tout à fait la taille mannequin. Elle attendait le prince charmant et c’est Jocelyn, dit Jo (également), qui s’est présenté. Mais leurs rêves divergent. Alors qu'elle est cultivée, amatrice de cinéma, de peinture, de littérature (son blog fait un tabac et lui amène beaucoup de nouvelles clientes), son mari n'a qu'une seule ambition, respectable mais limitée : passer contremaître dans son usine et s'offrir une Porsche Cayenne ! Jusqu'au jour où elle achète un ticket de l'Euromillions. Et gagne 18 millions d'euros, soit "1000 ans de Smic". Jo se tait et n'encaisse même pas la somme. Elle se contente de dresser des listes de ce qu'elle pourrait acheter avec tout cet argent. Ces listes qui rythment le roman sont émouvantes, car ce sont les rêves d'une femme humble et droite, qui n'imagine même pas de ce qu'est le luxe et qu'au fond elle aime la vie qu'elle mène, ainsi que son mari, malgré tous ses défauts. Il s'agit là d'une excellente parabole sociale, tendance néoréaliste, pleine de tendresse et de fraternité, qui ne tombe pas dans le "gnangnan". (Livres hebdo)